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lundi, 23 novembre 2015

HOTCHAT BLING (You used to poke me on Facebook)

Homme : Poke

Femme : Poke

H : Poke

F : Poke

H : Poke

F : Poke

H : Poke

F : Poke

H : Poke Extra !

F : Extra Like

H : Super Profil

F : Superman

H : On a fini ?

F : Non, on commence

H : On se voit quand ? Demain soir c’est ça ?

F : Le mardi c’est permis !

H : Tu es dans quel coin ?

F : Ma rue est bourrée de vices
À chacun ses délices, à chacun sa 8-6
Dans ma rue, les lascars se serrent la main
Ce n’est pas comme dans le Show-biz
Où les mecs se font la bise

H : Barbes ?

F : La Chapelle ! Et toi ?

H : Bastille

F : Tu me proposes quoi ?

H : J’ai un entretien avec une future employée à 20h mais on peut se voir après et boire des coupes

F : Je veux bien avaler du verre pour toi, ou cracher du feu

H : Voilà donc on se dit 21h

F : J’ai rendez-vous avec un artiste dont j‘édite le livre en début de soirée

H : Oh !

F : Mais je serai là après pour faire le fakhir

H : Bien, c’est quoi ce livre ?

F : Je t’en parlerai demain

H : Pas très bavarde, j’espère que les tessons fluidifieront ton débit

F : Je parle beaucoup plus la bouche en sang

H : Parfait

F : Je me renseigne sur la signification du Poke, pour mieux le faire en live

H : Je te montrerai

F : Deal

H : C’est très simple, en fait, le Poke

F : Plus simple que l’Add ?

H : L’Add est plus impliquant, mais peut s’avérer parfois tout aussi simple

F : Le like est en apparence encore plus facile, mais l’apparition du télétexte, le transforme en un réel engagement

H : Tu parles donc du télétexte sur nos écrans de télé ? J’étais addict au télétexte, l’ancêtre d’Internet un peu

F : Dans ce cas précis, je parle du rouleau d’informations qui défile à la droite de mon écran, mais j’étais plus fan du télétexte que du programme télé lui même.
Mais également du minitel, et des bippers. Je n’aimerais ne communiquer qu’avec ça.

H : Avec quoi ? Avec ce blog ?

F : Merde, je me suis trompée de lien

H : Rires

F : Je n’ai malheureusement pas un égo aussi démesuré

H : Tu pourrais, tu es très jolie sur tes photos, après peut être es-tu horrible en vrai

F : « Cette femme est belle et intelligente. Hélas, combien elle serait devenue plus intelligente si elle n’était pas belle. » Frederich Nietzsche

H : Dans ce cas ne cite pas Nietzsche, ça va m’effrayer avant notre rendez vous.

F : Pour te rassurer : « Celui qui cherche une femme belle, bonne et intelligente, n ‘en cherche pas une mais trois. » Oscar Wilde
De toute façon tu pourras toujours me Unfriend, ou bien masquer l’actualité

H : Mmm, la vraie info c’est que Wilde disait déjà « bonne ». Bientôt je découvrirai un « bonasse » ou « fraîche » dans un Corneille

F : « Elle appartient, par sa mère, par sa naissance, par son éducation, par son hérédité, par ses manières, par ses habitudes à la prostitution dorée » Guy de Maupassant, 1884

H : Oh ! Prostitution dorée, encore une expression actuelle

F : Si tu aimes ce genre d’anachronismes je te ramènerai un petit cadeau demain

H : Oui, j’aime beaucoup, merci

F : Tu likeras en temps voulu

H : Je suis sur tes galeries je m’endormirai avec tes aphorismes, galerie 8

F: 7?

H : Oui !

F : C’est justement ce que je voulais t’offrir, c’est moins drôle tout d’un coup, l’effet kinder surprise en moins

H : SYNCHRO

F : J’ai un contretemps, je ne pourrai pas passer te voir

H : Dommage

F : Damaged

H : Sad

F : « Tomorrow ? Consonne ? Voyelle ? Consonne ? »
Heureusement que je ne suis pas venue, tu n’es pas très loquace, ou est-ce la tristesse qui te fait te murer dans un silence d’outre-tombe ?

H : Je suis très triste, oui.

F : I’m the saddest! Tu ne dors jamais ?

H : Non je regarde un doc sur Stephen Hawking, on aurait pu le mater ensemble tu me diras.

F : Je préfère 1000 fois ce genre de proposition à celle de me couper la langue, il a l’air intéressant ce mec, c’est sur quelle chaine?

H : Ça ne semble pas t’enchanter

F : Quoi donc? La cosmologie et les mathématiques? J’adore ca, ca doit être mon coté arabe, tu fais quoi ce soir ?

H : On se voit ?

F : Oui! On fait quoi? On bouffe du verre, on fait des recherches télétextes, on va à l’aquarium?

H : Rires

F : Ok, on rigole, je passe à 21h.

H : Où ça ?

F : A l’adresse que tu m’as donné

H : Non mais je suis chez moi là

F : Donc tu veux que je passe chez toi?

H : Je suis explosé

F : Avec quoi ?

H : Avec des produits

F : Nucléaires ?

H : Nucléées

F : Os à moelle

H : Poudrée

F : Sous poutre

H : Rails et voyages

F : Interails et Intercités

H:…

F : tu sèches ?

H : Non je mangeais mon coeur

F : Coeur, en fait non, je sais pas faire les coeurs brisés, je suis très triste de ne pas te voir ce soir

H : Me too

F : J’étais pourtant prête à venir.

H : Oui mais je suis si fatigué, et j’ai tellement de travail, que ça ne serait pas le bon soir… vendredi, samedi ?

F : Je mange mon coeur à mon tour, sauce samouraï, salade, tomates sans oignons (j’aime pas)

H : Ton coeur doux… Je le savoure aussi. Vendredille je le danse

F : Les coeurs ça se dansent le vendredi?

H : Oui, surtout le vendredi

F : Il danse quoi ton coeur ? J’apprendrai à danser sur sa mesure, d’ici vendredi

H : Il danse la torrida

F : Peux tu combler cette lacune?

H : Ce n est pas une lacune!

F : C’est une zone?

H : Une ambition

F : Je ne connaissais pas cette ambition, elle sera désormais partagée. Les coeurs en cashmere sont mes préférés, comme le tien.

H : On peut les caresser, c’est tout conseillé

F : Vendredi c’est loin, la patience est une vertu que je n’ai pas. Il fait froid ici a Paris, il doit faire juste assez chaud auprès de ton coeur

H : Je compte bien te le réchauffer

F : Tu as un micro ondes? Ou certainement un sèche cheveux

H : Non j’ai une batterie

F : T’as les cables? Sinon ça sert a rien…

H : Oui pour t’attacher

F : Enfin des pinces, à quoi ?

H : Tout dépend ce que je trouve porte de la chapelle

F : Un kebab ? Mieux pour la vue : à l’obélisque de la place de la Bastille ?

H : Ni l’un, ni l’autre, tu verras

F : Une galaxie ? Je me languis…

H : Ça y ressemble

F : Tu fais quoi?

H : J’arrive pas a dormir, j’en ai marre

F : Je m’en vais essayer mais je n’y arriverai pas si tu ne me dis pas a quoi tu m’attachera

H : Tu t’attacheras a moi, ça te choque petit chocó ?

F : Non, c’est déjà fait

H : On s’attache, on ne peut plus bouger de chez toi, et on meurt de faim attachés au radiateur

F : Il est à coté du frigo, ne t’inquietes pas et selon la longueur des cables je pourrais faire à manger

H : Ok mais seulement si tu t’habilles en soubrette, sinon ça ne sert a rien

F : Seulement si tu t’habilles en Rick Owens, sinon c’est trop cliché

H : C’est noté

F : Tu as peux être un peu trop forcé sur les nucléées

H : Je vois pas le rapport

F : Pourquoi ?

H : Explications ?

F : Parce que ?

H : J’en ai besoin

F : Parce que si tu es fatigué nous ne pourrons pas danser

H : D’ou le report

F : Report de forfait

H : Forfait 12h

F : Millénium, illimité soir week end

H : Sourire

F : A bientôt

H : Bises

F : Bonjour

H : Tiens tiens

F : Ce que j’aime chez toi, c’est l’utilisation de la virgule

H : Figure toi qua ca m’énerve, quand les gens n’utilisent pas la ponctuation

F : La langue française a ce défaut, d’être pourvue de tant de mots, adjectifs et autres verbes, qu’elle nous pousse aux phrases fleuves.
Mais la plus belle des formes, à mes yeux, est la courte, celle où chaque moi est choisi, placé et rythmé par une ponctuation juste. C’est donc pour ca que je t’aime. On fait quoi vendredi ?

H : On s’aime

F : Tu me googles map l’endroit exact où l’on vivra notre amour?

H : Je te chadouce map

F : Bonsoir mon amour

H : Salut mon coeur

F : Je t’ai entendu miauler, cava ?

H : J’ai 300 mails de retard aujourd’hui, sinon ça va

F : Ça arrive a force de ronronnement, alors pour demain soir ?

H : Samedi ?

F : Noel ?

H : Ok

F : Je t’aime

H : Ciao

F : Hasta la vista

H : Je t’unfriend, bises

F : Déjà ?

H : Yup, adios

Safia Bahmed-Schwartz

Safia est née en 1986 et porte à son auriculaire une très jolie bague en or. Quand on a proposé à cette artiste/prestidigitatrice/receleuse de passer des MP3 à notre soirée au Trabendo (on était tombées amoureuses d'elle en regardant son clip "Vaseline"), on a halluciné quand elle accepté (et on était aussi super contentes, elle a passé MARIAH CAREY). Puis on a re-halluciné quand elle nous a proposé de tenir une chronique qu'elle illustrerait de ses belles mains. Sérieux, comment pourrait-on dire non à Safia ? Tout son travail déglingue.