Il y a des films comme ça, qui te marquent sans que tu n’arrives vraiment à comprendre pourquoi. Qui vont éveiller en toi des sentiments confus, dont certains passages te paraitront familiers même plusieurs années après les avoir vu, et que tu vas aimer et chérir d’une passion un peu honteuse… et tout ça très souvent pour des raisons totalement externes à leur qualité réelle.
Ça peut venir des circonstances dans lesquelles tu l’auras vu la première fois, de la qualité (ou de l’absence de qualité) de direction ou de jeu, du côté cheesy ou complètement pété du scénario, ou même tout ça en même temps.
Pour moi pas exemple, c’est exactement ça quand on me parle de Patrick Swayze. Le premier truc qui me vient à l’esprit c’est : ROAD HOUSE.
Patrick Swayze, pourtant a priori on s’en souvient pour d’autres films. Ta sœur ou ta meilleure copine ça va plutôt être Dirty Dancing, ton frère qui fait du surf il préfèrera Point Break, ou même ta mère elle a surement mouillé sa culotte pendant Ghost (oui, je sais… tu n’as pas envie de penser à ta mère comme ça, sorry not sorry).
Mais non, moi je n’arrive pas à voir autre chose qu’un des pires films des années 80…
Peut-être parce que ce film évoque avant tout chez moi de chouettes souvenirs d’enfance. En vacances chez ma marraine, vers 14-15 ans, une soirée à rouiller entre la Super NES, les albums de Léonard est un Génie, et le zapping compulsif sur la télé du salon, on tombe sur le début d’un film sur RTL9 ou TMC (quelle autre type de chaine pour passer ça ?).
Et là le choc : des voyous redneck dans tous les sens, Patrick Swayze torse nu qui fait du Taï-Chi, des chevaux qui courent effrayés, un bar miteux peuplé de pétasses peroxydées, des coups de latte qui pleuvent, des bâtiments qui explosent, des règlements de comptes toutes les 5 minutes, Patrick Swayze cul nu, une dizaine de voitures défoncées par un Monster Truck, un side-kick guitariste de country aveugle, des coups de latte, le cowboy moustachu du Big Lebowsky qui arrive en renfort, et Patrick Swayze qui se bat torse nu en mettant des coups de latte… le tourbillon infernal.
Pour te résumer le film et te donner envie de le voir sans trop te spoiler (y’a rien à spoiler en même temps), on va dire que c’est Pat qui arrive dans un bled paumé pour reprendre en main l’équipe de videurs d’un bar pourri : il va se faire des ennemis, le bar va devenir le rendez-vous branché du coin, il va emballer la jolie fille sans ménagements, va être rattrapé par un passé douloureux, et va finir par péter la gueule des méchants en fédérant tout le village autour de lui. Bref, une recette 100% pur jus de ce cinéma over-the-top des années 80… et c’est pour ça que ce nanar est aussi flamboyant.
Voilà pourquoi quand on me parle de Patrick Swayze, la première chose à laquelle je pense c’est : « des coups de latte, un film super nul, et une chouette soirée à manger des eskimos devant la télé avec mes copains pré-pubères ». Des souvenirs inoubliables en somme.
Mais Road House c’est aussi un film avec un enseignement fort, une vraie leçon de vie. Cette leçon, c’est que tous tes problèmes peuvent être réglés grâce aux coups de lattes, TOUS.
Et ça c’est pas moi qui le dit, c’est Peter Griffin. Plus précisément dans un épisode totalement mongol de Family Guy, qui m’a été recommandé il y a quelques semaines par mon meilleur ami, quand je lui ai parlé de mon projet d’écrire un papier sur le film.
Car magie des navets des années 80, le film a finalement été rattrapé par la pop culture un peu nerd de ces 10 dernières années, et je me suis rendu compte progressivement que je n’étais pas le seul à éprouver une fascination débile pour ce film, là aussi pour des raisons complètement idiotes.
Dans le cas de Peter Griffin (enfin, de Seth McFarlane en l’occurrence) quand il découvre le film, c’est ainsi l’avalanche de coups de lattes qui est l’élément marquant du film, et qui donne cette solution à tous les problèmes de la vie : « every problem in life can be solved by kicking !»
Un relou t’emmerde en soirée ? High kick dans sa face ! Ta facture de téléphone a doublé ? Pluie de mandales dans ton agence Bouygues ! On a oublié la sauce pommes-frites avec tes frites ? Arrachage de pomme d’Adam de l’équipier polyvalent ! Même si les coups restent dans ton imagination, essayes et tu verras le bien que ça fait face aux contrariétés de la vie.
Plus proche de nous, je suis sur que tu peux trouver des collègues capables de répondre « Ah mais ouais… Road House ! », quand le lundi matin tu leur dit « ohlala, je sais pas ce qu’il m’a pris hier, j’ai maté un film super débile, c’est avec Patrick Swayze qui botte des culs en pantalon moulant dans un bar ».
Bon, après quand je parle d’impact dans la culture pop, ça peut aussi avoir ses côtés plus obscurs malheureusement. C’est ainsi en préparant cet article que j’ai appris qu’un… *gasp*… reboot du film était en préparation à Hollywood.
La boucle est bouclée : on prend donc un des fours les plus retentissants des 80’s, on le passe à la moulinette de la culture nerd des années 90/00’s, et on arrive ensuite à un stade de maturité assez avancé pour intégrer ça dans ce que l’industrie du cinéma fait de plus casse-bonbons depuis 10 ans : « Quand t’as plus d’idée, fait une suite/remake/reboot/prequel/whatever ».
Et qui a été choisi pour cette catastrophe annoncée ? La nouvelle égérie castagne d’Hollywood, Ronda Rousey ! Ronda, franchement, je t’adore et dans l’octogone t’es la meilleure… mais en héroïne principale, d’un reboot de film mongoloïde des 80’s, sans le côté ringard-drôle qui fait le charme de ce film, et avec ton jeu d’actrice pour le moins sommaire (moi dure à cuire, moi faire la grimace, moi taper toi, pif paf pouf)… franchement j’ai peur.
Patrick, reviens, j’ai retrouvé tes santiags et ton jean moule-burnes !
Au fait, je vous ai dit que pendant tout le film, Patrick arbore un mulet de compétition ?