En 2011, j’ai rencontré une fille qui a changé ma vie. Une copine de la cousine d’une copine. Pour des raisons de confidentialité, je l’appellerai Poupette. La scène se passe chez Jeannette, il y a sûrement des pintes de blanche sur la table. On est là, toutes les quatre. Cette meuf vient de se faire larguer : chaudes larmes, mouchoirs usés, le mascara coule à flots et je ne compte plus les « connard » qui sortent de sa bouche. Poupette a 28 ans et ça fait deux ans qu’elle était avec ce mec. Elle me raconte qu’il est marié, que malgré les promesses répétées, il ne quittera jamais sa femme. .. Classic shit. Elle regrette, elle aurait jamais dû se lancer dans cette histoire, elle aurait dû… elle aurait dû… se trouver un mec bien plutôt. Elle m’explique que le temps est passé hyper vite, qu’elle a fait les mauvais choix, qu’on n’est pas sérieuse quand on a 23 ans et que c’est bien dommage.
Je vous fais un état des lieux rapide de ma situation de l’époque. J’ai brisé des cœurs, dont le mien parfois. Certains des garçons avec lesquels je suis sortie avaient beau tenir dans leurs mains un panneau clignotant « je vais te faire galérer », je fonçais. Après quelques ramasses bien digérées, je ne crois plus en l’amour. Je n’ai pas de mec et je n’en veux pas. Je suis à cette étape de ma vie où je sais exactement (enfin) où je vais. Je n’aime plus personne à part mon chat, ma bande de potes et ma famille. Je me sens forte et libre. Existe-t-il un mot positif pour expliquer la notion de « blasée » ? Parce qu’il collerait extrêmement bien à mon état d’esprit d’alors.
Parenthèse refermée.
Donc Poupette est là, toute rouge et toute mouillée. Je ne suis pas triste pour elle, je me dis que le temps fera son taff, qu’on passe tous par là et que souvent ça nous rend même plus forts. Je me dis quand même que je n’aimerais pas être à sa place, que je suis bien contente que tout ça soit derrière moi. Ça me conforte dans l’idée que le célibat, c’est coule. Et là, elle me dit « Crois-moi, trouve-toi un mec bien avant 30 ans, après ils sont tous pris. »
OK. Un mec bien. Tu veux dire pas un putain de musicien qui couchera avec toute la Pologne en tournée ? Pas un gros jaloux qui t’appellera tellement souvent pour checker ce que tu fais, que tu pourras même plus pisser tranquille ? Ouais, ça a du sens… Non en fait, c’est du génie.
Quelques années d’analyse m’ont permis de faire ressortir une typologie de connards (je suppose que les comportements décrits ci-dessous peuvent également être observés chez les meufs).
- Catégorie 1 : le bébé connard
Particularités : il fait pas vraiment exprès, il a juste pas confiance en lui (soit disant) et puis vous êtes « trop bien » pour lui, donc il drague tout ce qui porte un soutien-gorge (oui, même votre mère).
Profils existants : le névrosé-dépressif, le jaloux relou, le macho-man ou le flirteur compulsif
- Catégorie 2 : le connard de base
Particularités : il a plein de copains, il est sympa, c’est un mec bien… mais pas avec vous. Pourquoi ? Ne cogitez pas trop, vous ne le saurez jamais.
Profils existants : l’égoïste, le mec qui sait pas ce qu’il veut et / ou qui est toujours amoureux de son ex, celui qui veut pas « se posey », celui qui a oublié de prévenir que vous étiez juste son plan Q
- Catégorie 3 : le master of connard
Particularités : le mal coule dans son sang, il pue les MST, il est passé sur tout Paris et inversement (mais il a une belle guitare alors votre cœur fond).
Profils existants : le musicien, le photographe ou le mec très très beau
(Bien que brillante, je vous rappelle que cette analyse est purement subjective et je vous invite à la réinterprétation, selon votre propre expérience.)
Les semaines passent et même si je ne cherche toujours pas à me caser, la phrase magique de Poupette continue de résonner en moi. Pour la première fois de ma vie, j’écoute mon radar à connards. Oui vous en avez un aussi, que vous soyez un garçon ou une fille. Mais je pense que comme moi, à un moment, vous avez préféré faire comme si vous ne l’entendiez pas. Bref, tout ça pour dire qu’à l’époque, quand je rencontre un mec et que l’alerte rouge se déclenche, je le range dans sa catégorie et je me barre.
Au bout de quelques mois, j’ai rencontré LE mec bien. Sans que je m’y attende. Un peu cliché, mais vrai.
Cet article, je l’écris pour lui et pour les garçons dont je n’ai pas su apprécier la gentillesse, voire que j’ai délaissé pour des enfoirés. Je ne l’écris pas pour vous foutre les boules, ni pour faire ma maline. Je l’écris parce que je suis contente qu’il y ait eu Poupette, qu’elle ait changé ma vision de l’amour grâce à une phrase toute naze. Je voudrais être votre Poupette. Une Poupette qui vous dit : adopte un mec oui, mais adopte un mec bien.