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jeudi, 06 juin 2013

SKATING POLLY, LES BEBES DE MA VIE PARALLELE QUE JE N’AI PAS EU

Grâce à Marine, j’ai vu cette vidéo de Skating Polly, un nouveau groupe de rock sale.

SKATING POLLY - PLACER

Aujourd’hui en 2013 c’est comme ça que l’on fait, on découvre de la musique sur yutu. En 2003 c’était maispeise, et en 1990 c’était sur MTV (attention les années 90 vont prendre une place importante dans ce qui va suivre ). C’est un duo de 2 demi-sœurs qui n’ont pas 20 ans ( a plus petite a l’air d’en avoir 9 sur certaines vidéos) : Assiste t-on a un concours de mini-miss ? Elles ont beaucoup de présence sur youtube : serait-ce une mise en scène ?)

Il existe :

  • Une vidéo de la toute première fois ou elles entendent leur single qui passe à la radio

Skating Polly hearing themselves on the radio for the first time

  • Une vidéo où elles auditionnent un gars connu (le batteur des Flaming Lips ) et c’est trop mimi

Skating Polly auditions Kliph Scurlock

  • Une vidéo du tout premier concert

Skating Polly's first live show, June 12, 2010

( d’ailleurs avez vous jeté un œil sur le premier concert de Rage Against The Machine ? Cela ressemble plus au concert du groupe de mon pote Ludo à la fête de la musique 2007 qu’à un concert de méchant punk engagé, ce qui les rend plutôt sympas).

On pourrait penser que c’est construit par un parent un peu plus âgé. Elles ne filment d’ailleurs jamais elles-mêmes.

Skating Polly fait un grunge dans le sens que j’aime, c’est à dire simple et bricoleur. Le chant est habité, on sent une sensibilité de la chair à vif. La chanson de leur « OFFICIAL VIDEO » ressemble un peu au « Nude as a news » de Cat Power en plus simple et plus branque avec en plus la structure typique de nirvana « couplet-mou/refrain-saturé ». Ça chante un peu à la façon de hole (effectivement je joue à « ni-kurt ni-courtney », ho perdu !). Ce truc de faire du grunge à l’époque de la soupe garage-reverb et de la noise abrasive surdépressive, ça change et ça tombe bien, non ?

Les 2 genres cités précédemment, personnellement, je n’en peux plus. Vous avez déjà foutu votre nez dans « Noise magazine » ? C’est un calendrier de gros costauds habillés en noir qui tirent la tronche, c’est super plombant. Chez Skating Polly c’est autre chose: deux petites poulettes qu’ont peur de personne mais qu’aiment le rose et les petites fleurs. Elles ont l’air d’être sorties tout droit de ce documentaire

Dirty Girls

(Ça parle d’une bande de nanas dont tous leurs camarades pensaient à tort qu’elles étaient sales.)

Parmi les instruments dont elles jouent, il y a une « bassgitar « . Une Squier à 80 euros d’occase recouverte d’autocollants avec une corde de basse dessus pour sonner plus vénère. Elles font ce truc cool de changer d’instruments et de rôle souvent. La batteuse devient guitariste/chanteuse et inversement. On croirait presque a une démocratie participative, mais on remarque quand même que c’est la plus petite qui a le plus fort caractère (pour ses 13 ans) et que c’est elle la chef. Dans leurs sets, il y a aussi bien des chansons de punk bien vénères et crétines remplies d’énergie ainsi que des chansons pop pas trop niaises avec même une reprise de MIA version punk plutôt pas mal. Tout ça se mélange allègrement dans un lo-fi attachant et la petite cerise sur le gâteau trop chouchou : leur pochette est réalisée par elles-mêmes au feutre et au crayon de couleur ( c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup ). J’ai envie de dire

OUAIS SUPER MON NOUVEAU GROUPE PRÉFÉRÉ

Et là, le petit francais rabat-joie qui est en moi se réveille et me dit : Minute-papillon ! Te fais pas avoir, c’est ptèt trop fait pour toi. Ces deux frêles jeunes filles ressemble à un plan marketing pour trentenaires, comme l’inscription sur le coffret DVD de téléchat » la série culte d’une génération ». Je dis ça parce que je vois l’effet que ça a sur moi.

Bien sur, ça me fait penser au batteur avec qui je jouais pendant mon adolescence qui prétendait être plus fort que Dave Grohl et qui finissait les répètes en bousillant sa batterie, et en balançant les éléments à travers la pièce. Je le trouvais si cool, mais en fait, il ne l’était pas tant que ça. Ca me fait aussi penser au groupe que je faisais avec mon ex-petite amie américaine : un duo ou on échangeait les instruments, avec un accent parfait pour les paroles en anglais. Du coup, et évidemment, ça m’évoque aussi l’unique exemplaire en cd à la Fnac Montparnasse de la compil de Pussy Galore que je m’étais procuré pour 60 francs (parce qu’a l’époque des francs, aucun disque de Pussy Galore n’avait été réédité). Oui j’avoue, je plonge dans la nostalgie de cette époque bénie de Beck, des Breeders, de Doo Rag, de Sonic Youth, l7, Dinosaur Jr, Pixies, Geraldine Fibbers etc…

J’attendais avec impatience la sortie des prochains disques de tous ces gens. Je me disais « wouaaah je suis débile ou ces gens ne sortiront jamais aucun mauvais disque !!!! »

La réponse à cette question, c’est que j’étais débile. Ils ont TOUS suivis la route toute tracée de l’insignifiance. Cette maudite malédiction qui fait qu’au bout d’un moment, c’est plus magique.

Mais tout ce rêve des années 90, je le sais, c’est dans ma tête. Car en vrai, les années 90, c’était horrible. Sans déconner, les hecto-litres de Céline Dion, Lara Fabian, de Haddaway, Dr Alban, Dance machine volume 12, Ophélie Winter et les jumeaux de M6 ( vous pensiez les avoir oubliés ces deux là, hahahaha), toutes les séries AB productions, c’était phénoménal cette quantité de vomi culturel. Sans parler du grunge rock dégueulasse dans le style de Pearl Jam, Alice in chains, Silverchair etc…

Ce qui est dur en y réfléchissant, c’est que Skating Polly souligne ma dévotion à la culture américaine et j’ai honte. Les jeans, les burgers, les Pom-poms girls, le bal de la promo ( « qui c’est que t’as invité pour le bal ? »), les fraternités étudiantes, les lancements en l’air de chapeaux carrés pour la remise des diplômes. Et je me sens stupide de savoir tout ça parce que beaucoup d’américains n’ont aucune idée de comment s’inscrire en auditeur libre à l’Ècole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Et là je refais le calcul dans ma tête : elles ont entre 11 et 13. J’en ai 35. MERDE !!!! elles pourraient être MES filles. Skating Polly seraient donc la représentation vivante de mon désir d’avoir un enfant. Etre le papa de deux petites filles qui partent en tournée, ça me plairait carrément. Conduire le van familial pour que mes filles fassent la première partie de Mike Watt, finalement, je me dis que ça peut pas être pas mal .C’est ça en fait. Faudrait que j’ai un enfant.

P.S: oui oui on pense à Pussy Patrol aussi.

Le Facebook de Skating Polly