« C’est cool ce que vous faites, on dirait les Slits »

« Nan mais c’est toujours pas bien calé encore mais c’est mignon, bravo les filles, c’est courageux de monter sur scène »

COUCOU CONNARD

BAH OUI ON A DIX DOIGTS COMME LES GARÇONS

ALORS AU LIEU DE SE LES FOUTRE DANS LES NEZ NOUS AUSSI ON A PENSÉ A APPRENDRE A JOUER (ouais non ça j’ai jamais fait) UTILISER UN INSTRUMENT

ET PUTAIN ARRÊTE DE CITER LES SLITS, YEN A D’AUTRES DES GROUPES QUAND MÊME

On est en 2012 mais c’est toujours dur dur de jouer dans un groupe de meufs.

T’es toujours comparée à une formation similaire qui sent le rouge à lèvres et les soutiens gorges rembourrés.

Ça va de Bikini Kill aux Raincoats, de Hole et ça PLUTÔT CREVER QUE DE FAIRE DU HOLE COURTNEY LOVE PUTEPUTEPUTE (on y reviendra d’ailleurs) aux Shaggs. Bah oui, t’es une fille, donc tu fais de la musique DE FILLES. C’est comme ça tu te tais tu te fais jolie tu mets une jupe et tu vas jouer ailleurs avec tes copines.

Yen a certaines qui ont encore les boules (c’est pas la peine de me regarder HEIN). Et puis il y a celles qui s’en fichent ROYAL parce qu’elles maitrisent tellement que même si t’avais quelque chose à dire, bah tu la fermes. Et bien.

C’est le cas avec les Kellies. Ce groupe argentin est composé de trois filles trop sympas qui font du garage vénère aux accents cumbia, funk et chouchou. Mais pas chouchou girly. Ça t’es gentil, tu iras voir les Plastiscines et les autres chouineuses qui se plaignent encore et toujours parce que tu ne rappelles pas.

Le chouchou vénère, c’est quand t’as une basse qui te regarde droit dans les yeux. C’est quand une guitare te tourne autour pour te rendre vraiment dingue. C’est quand le beat de la batterie crée un rythme fou super sexy chaud qui rappelle ESG et qui te donne envie de faire des Z avec ton derrière (essaie de le faire chez toi tu verras c’est rigolo). Plein de sensations qui se produisent rarement à un concert de Garage, en gros.

La première fois qu’on les avait croisées, c’était en 2009 avec Pussy Patrol. Le Grand Oso El Roto avait été un copain et nous avaient booké avec elles. On avait le même âge mais elles nous avaient grave foutu la honte. Plus pro et plus mignonnes tu meurs, on l’avait rapidement capté aux balances. Charlotte et moi déjà peu sapées (vive le mini short et le bustier à paillettes), on avait alors forcé Mariette à jouer elle aussi à moitié à poil pour compenser le manque de technique par l’étalage de chair. Plan foireux.

Ça n’avait pas suffi. Elles nous avaient clairement lattées, et puis gentiment en plus. On a même pas eu les boules. A la fin de leur concert, complètement charmées, on ne rêvait que de leur faire des câlins en se promettant l’amitié éternelle, qu’on matérialiserait par une tournée dans tous les rades que peut comporter l’Argentine et les pays limitrophes. On aurait loué un minivan pour 7, on se serait fait des couronnes de fleurs sauvages et joué des grands classiques de la musique sud américaine autour d’un feu. Tout ça sur une plage, devant un coucher de soleil qui aurait donné envie de mourir de suite au cas où on se ferait réveiller subrepticement par la réalité.

C’est fou à quel point la vie pourrait être cool si tu vivais ce qui se passe dans ta tête. Évidemment ça n’est jamais arrivé. Mais j’ai gardé cette petite lueur, ce soleil à son crépuscule tout doux et magique au fin fond des yeux à l’écoute de leur musique. Trois ans plus tard elles reviennent à Paris le 7 juin à l’Espace B avec Alligator (et là si t’as pas cliqué T’ES QU’UN NUL), avec des tubes encore plus gros, sur un rythme annonçant les journées sans fin de l’été. Si tu viens, tu entendras surement une sonnerie bizarre provenant du téléphone de ton bide. C’est l’appel de l’Argentine bébé. Alors si t’y réponds, préviens moi qu’on s’arrange pour la caution du minivan (j’espère que tu conduis, j’ai pas mon permis).Tu me trouveras au concert, je serais la meuf avec la couronne de fleurs sauvages.

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