T’as sûrement entendu parler de la Release Party d’Eyes Behind. D’ailleurs t’y étais. D’ailleurs t’as kiffé. Moi aussi. Si on veut. Si t’étais pas là ou si t’as pas tout vu, t’as vu le compte-rendu de Marine ici.
Marine tellement qu’elle est sympa elle a omis un épisode : avant le clou rouillé et le tétanos, elle aurait pu ajouter : une meuf s’est évanouie.
Bon alors je vais pas faire durer le suspens plus longtemps, la meuf c’est moi. Mais ça tu t’en doutais. Et plutôt que de me cacher derrière une frange qui me mange le visage, je vais te raconter comment j’ai complètement foiré la soirée qui devait changer le cours de ma vie (ouais).
La soirée on m’a raconté après. Je pourrais pas te dire comment c’était, je suis restée trois quarts d’heure et je suis rentrée comme une merde à 21H30 avec un Kinder Bueno, un jus de mangue, le mascara qui coule et mon t-shirt trempé de sueur. Appelle-moi Amy.
Retour rapide.
Je t’explique. Mais pour ça faut que je m’attarde sur un moment «Vis ma vie» qui a son importance : les dents de sagesse.
Se faire arracher les dents de sagesse à vingt-sept ans, ça fait chier (c’est toi qui fait le chèque, plus ta mère), et ça a tendance à te faire flipper mais en fait c’est cool : tu prends du Lexomil trois jours avant parce que tu stresses, rapport au film « The Dentist » que t’as vu à douze ans et que le mec du vidéoclub t’as filé en se foutant bien de tes futurs traumatismes.
Donc t’arrives à ton rendez-vous stone, tu penses à rien tellement t’es déjà dans le brouillard. Tu bloques sur les poils du nez du stomato qui te dit que ça va aller. Y devrait penser à se couper ses poils quand même, ça doit chatouiller.
Dix minutes plus tard, tu vois passer tes dents devant toi. Mais tu vas bien, l’anesthésie avec le Lexomil, c’est la découverte du jour. Mais le mieux arrive après : trois jours d’arrêt maladie dans ton lit et de la codéine toutes les quatre heures parce que sinon ben t’as mal quoi. Trois jours en mode zombie pendant lesquels tu t’endors devant «Hollywood Girl» en faisant des rêves bizarres avec Kamel, des fourmis et ta mère.
Bon mais c’est aussi trois jours où t’oublies ta vie sociale, où tu bouffes que de la compote et où tu fais tout pour faire DÉGONFLER CETTE JOUE DE HAMSTER BORDEL. Un matin, t’émerges. Ah ouais t’as une soirée ce soir, celle qui va te faire entrer dans le monde de la hype et te faire rencontrer tes futurs meilleurs potes. Faut que t’assures.
Y a pas de raison que ça se passe mal : le matin ton visage a retrouvé une forme normale et t’as réussi à bouffer une barquette entière de trois chatons à la fraise. Belle gosse. La soirée est à toi. Tu pars avec ton plus beau t-shirt, avec ton lipstick Rouge Allure YSL et tu vas faire forte impression tellement t’es cool, tellement t’es sympa et spirituelle comme meuf.
Avance rapide.
T’arrives. Tu connais personne. Tu prends une bière pour avoir l’air moins conne. T’as toujours l’air aussi empotée. Tu vas voir le premier groupe qui joue, dans la foule, on verra pas que t’es toute seule. Vingt minutes plus tard, ta pote arrive. La soirée peut enfin commencer. Tu sirotes ta bière mais pas trop, tu sais que t’es sous antibiotiques et que même avec une Carlsberg, tu flippes de finir comme Marylin Monroe. Ok t’es toujours aussi conne.
Tu parles avec ta pote genre «ouais suis trop à l’aise» t’as vu, trop de monde en place, peut être qu’ils vont me prendre pour l’une d’entre eux. Trop de monde pour toi en fait.
T’interromps la fille en lui disant « Merde là ça va pas je vais m‘évanouir ». Ca bourdonne et tu vois plus rien. T’arrives juste à entendre «Attends tu veux sortir ? T’as bouffé aujourd’hui au moins ?». Là tu lui dis non. Et tu te dis putain faut vraiment être conne. Et surtout PUTAIN JE VEUX PAS MOURIR ICI.
Avant de penser MERDE JE VAIS M’AFFICHER. Pire.
Alors que tu devrais juste sortir, tu pars à la recherche de ta veste (putain mais ON S’EN FOUT DE CETTE VESTE BORDEL), tu bouscules tout le monde en tâtonnant avec tes mains comme une aveugle, tu t’agrippes à ta pote parce que là tu vois plus rien, t’entends l’organisateur qui dit «Ca va ? T’es bourrée ? » au moment où tu passes la porte. T’aurais préféré.
Avance rapide.
Cage d’escalier, à moitié allongée par terre entre deux marches, ça va mieux. Au moment où tu te dis que ça aurait pu être pire, un convoi d’invités arrive, t’enjambe en te regardant bizarre. T’sais le regard condescendant qu’on a tous eu devant une loque qui décuve dans la rue : « Tsss, 21h30 quoi…».
Ok. J’les reverrai jamais je m’en fous. Tu dis à ta pote «Ok désolé mais là je vais rentrer». Et comme elle est responsable ELLE, elle te dit «Je vais te ramener, tu peux pas rentrer toute seule». Tu sais que tu viens de pourrir sa soirée. Parce que toi t’es arrivée il y a moins d’une heure, mais elle, elle est là depuis vingt minutes…
Au moment où tu te dis que c’est fini, tu penses à la suite : va falloir dire remercier les meufs qui t’ont invité (qui le feront surement plus) en expliquant blanche comme un cul que tu vas rentrer parce que t’es pas bien. SANS DEC’. T’expliques en essayant de faire bonne figure : alcool, médoc, rien mangé, trop chaud…
Tu passes au choix par une anorexique qui sait pas gérer ses crises ou une mauviette qui supporte pas la Carlsberg. T’assumes. Presque.
Tu dis «désolée» douze fois. Encore douze fois sur le chemin à ta pote qui est en train de niquer sa soirée pour t’obliger à acheter un Kinder Bueno et un jus de mangue. Ton téléphone vibre. Des potes te rencardent pour l’autre soirée à laquelle t’avais prévu de passer. T’envoie le message de la lose. Tu te fais engueuler : «Bouffe putain». J’AIMERAIS BIEN CONNARD !! T’AS ESSAYÉ QUAND T’AS MAL AUX DENTS ??!
Avance rapide.
Débrief’ de la honte du début de semaine. Entendu : «Ah ouais la meuf de Puretrend ? Je l’ai vu passer à un moment, dans le mal, elle avait pas l’air en forme. Elle suait…»
PUTAIN, Y A UN MEC QUI SE SOUVIENT DE MOI !!!
Pas mal en fait ma soirée. Je crois. Bonus :Je retourne me faire arracher mes deux autres dents de sagesse lundi. Et j’ai acheté une place pour voir du catch à Bercy trois jours après. On attend plus de 15.000 personnes.
Toujours aussi conne.