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jeudi, 06 octobre 2011

LE SCANDALE DES CUPCAKES

Par
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Avec ma copine Marine, on aime bien manger, on aime bien les trucs mignons, et on est (un peu) influençables. Ce qui a fait de nous les parfaites gogos lorsque les cupcakes ont commencé à être à la mode…

Évidemment, il a fallu qu’on essaie. Il faut préciser que notre binôme a une particularité: malgré de hautes aspirations culinaires, nos tentatives ont ceci en commun qu’elles virent très facilement à la catastrophe. La dernière fois on a oublié la farine dans un gâteau.

On a expérimenté le truc, et on s’est trouvées face à un semi-échec: des petits gâteaux somme toute jolis mais totalement inintéressants gustativement (d’aucuns diraient fadasse, mais je ne cautionne pas ce genre d’extrémismes). La conscience de la proportion éberluante de gras dans le bidule n’a sûrement pas aidé à l’apprécier.

Et pourtant Dieu sait que j’aime le gras. FAIL. On a laissé tomber.

Et puis, en ce jour maudit de septembre, au terme d’une errance saturnale (ça veut dire du samedi mais en plus chic), nous nous sommes retrouvées face à une pâtisserie/salon de thé spécialisée dans le petit gâteau en question. C’est ici que notre influençabilité entre en scène. L’endroit en question avait fait l’objet d’unmarketing rondement mené à coup d’articles dans tous les journaux et magazines possibles; même Glamour en avait parlé, c’est dire si nous étions en confiance.

Pour résumer, il avait été présenté comme l’éden du goûter entre copines. Simple regard nous nous étions comprises, et nos corps se mouvaient déjà vers l’antre du Mal.

Oui parce qu’à partir de là tout a dérapé.

On nous avait vendu un petit paradis girly trop mignon, rose, avec une patronne toute jolie,souriante, des serveuses sapées 50’s avec des petits tabliers, et surtout des gâteaux de folie…

Alors, comment dire…

On nous a menti.

Pour le décor, déjà, bon… Noyer une pièce du sol au plafond sous une couche de peinture rose mémé, je veux dire, ALLÔ, tout le monde peut le faire même sans avoir regardé DCO.

D’ailleurs c’était pas du tout feng shui, la peinture s’écaillait dans les coins et tout avait l’air poussiéreux.Première déconvenue.

Après, le service… La morue derrière le comptoir a quand même mis 5 minutes à lever les yeux pour nous lancer un regard torve à travers sa mèche graisseuse et nous indiquer qu’on pouvait aller s’asseoir (encore heureux). Elle nous a précisé que les cupcakes n’étaient pas listés sur la carte et qu’il fallait regarder ceux qu’il y avait sur le comptoir. J’y reviendrai. Mais pour terminer sur l’accueil, on a encore du poireauter 5 minutes au moment de partir pour payer, la nana n’avait visiblement pas compris qu’elle travaillait et que cela impliquait de retirer ses doigts de son anus.

On a également eu la chance d’apercevoir la patronne, et là, je ne dirais qu’une chose: elle est vraiment vraiment très photogénique. En lieu et place de la créature sexy, pulpeuse et fraîche que les journalistes nous avaient présentée, est arrivé un tromblon gras et vulgaire (elle portait du léopard, et visiblement sans second degré) type Loana dans 10 ans, qui ne nous a même pas salué (le client est roi, mon cul) et est repartie se terrer dans sa cuisine, repli stratégique pour le coup.

Grosse déception.

Enfin, last but not least, la bouffe! Donc il fallait choisir parmi les gâteaux présentés sur le comptoir. Déjà il n’y avait pas une variété de malade (7ou 8 déclinaisons, pour un endroit qui se présente comme une « Fabrique de cupcakes », c’est un peu léger je trouve). Ensuite, la moitié contenaient de façon plus ou moins assumée de la cannelle, épice qui se place, dans mon système personnel de valeurs, particulièrement haut dans la hiérarchie du Mal. Mais c’est un autre problème, j’en conviens. Enfin, au niveau visuel, je m’attendais à un feu d’artifice de glaçages colorés, paillettes et perles de sucre, crèmes au beurre, je veux dire, c’est quand même la base, non? Là c’était plutôt minimaliste comme parti-pris. J’ai pensé que ça devait être pour laisser toute la place au goût, qui devait, du coup, tabasser pour compenser. Je suis naïve quelquefois.

Nous avons donc choisi (par élimination, je le rappelle) un cupcake pistache-nutella. Pour faire glisser, on a aussi commandé des boissons. En voyant le prix de leur limonade à la fleur d’oranger, je me suis attendue à un truc de psychopathe (5,50 euros, oui madame).

Donc, le gâteau. Grosse blague. Une base ennuyeuse à souhait (fadasse, je n’ai plus peur d’être extrême), et une cuillère de nutella vaguement étalée sur le dessus et surmontée de deux-trois pistaches. Les larmes me viennent aux yeux en y repensant tellement c’était naze. Donc, bouffe dégueulasse.

Mais ce n’est pas SI grave, me direz-vous, il restait la fameuse limonade à cinq euros cinquante qui devait être particulièrement exceptionnelle pour mériter ce prix scandaleux. HA HA, vous répondrais-je.

En fait de limonade à la fleur d’oranger je me suis vue servir un verre (petit) d’eau (tiède) dans lequel la grognasse du comptoir avait simplement mélangé quelques gouttes de pulco citron et une cuillère d’eau de fleur d’oranger.

Ça y est je pleure.

Résultat des courses:

après s’être vues allégées de quelque 9 euros chacune, et après quelques secondes d’introspection silencieuse en quittant cet endroit maléfique, le débrief a été sans appel.

Nous nous étions fait avoir comme des lapins de trois semaines. Je ne sais pas combien de bites ont été sucées pour faire passer ce misérable placard pour un endroit à tester absolument, mais je parierais sur des kilomètres.

Un indice aurait pu nous mettre sur la voie: la patronne est diabétique. DIABETIQUE. Ce quisignifie qu’elle ne goûte JAMAIS ses gâteaux de merde.

Imposture, je crie ton nom.

Chloé

Chloé a 25 ans et un chat qui s'appelle lapin. Juriste dans une entreprise QUI DÉCONNE PAS, elle s'adonne le reste du temps à ses passions favorites : la cuisine, la couture, et le langue de putisme. Mais jamais seule hein. Toujours avec Marine. Sinon, elle a aussi la plus hallucinante descente de pinte qu'on ait jamais vu de la planète. Tu lui demanderas.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com