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Il y a presque un mois, j’ai fêté le retour de quelqu’un dans ma vie. Quelqu’un que j’avais mis à part pour avoir l’air cool, quelqu’un que j’avais snobé pour des connards à jeans troués et à perfectos ternes. C’était dégueulasse de faire ça et je m’en veux encore, mais je crois que j’apprends doucement à me pardonner.
En 1994 le boule de mes huit ans est posé sur une des banquettes en velours rouge de la boite de nuit de papa Normand, celles qui sont constellées de brûlures de mégots de cigarettes. Il est 16 heures et je m’ennuie, papa est au fond dans son bureau en train de gérer les salaires et moi j’attends que le temps passe jusqu’à ma puberté. Laurent est là aussi, derrière le bar. C’est le chef barman et il s’occupe des commandes. Tout petit avec un gilet sans manches, il ressemble à Johnny Summerville avec un début de calvitie et une seule et fascinante boucle d’oreille. Il est trop cool et il possède un chien énorme sur lequel ma petite sœur fait du poney. Voyant ma détresse, il sort de son sac une VHS magique, celle des meilleurs clips de Mylène Farmer.
La révélation.
Je passe une heure et demie fantastique, au son d’une pop eighties enchanteresse. La production des titres est vénère et avant-gardiste, un truc fait pour faire méga mal de grands gestes de bras dans n’importe quelle boite de nuit de Province. Dans la discothèque vide je me surprends à me dandiner à l’abri des regards des femmes de ménage qui finissent de laver les traces bizarres sur la piste de danse. Devant l’écran géant, je me prends un déluge de paillettes et de décadence. Mylène est à la fois une petite fille et une vraie femme, un personnage un peu perdu à la chevelure flamboyante. Mon héroïne. Une déesse. Maman me saoulait avec Michael Jackson et le clip de Thriller mais punaise est ce qu’elle a vu ce que faisaient Mylène et Laurent Boutonnat ? Elle tire avec des pistolets dans l’aube brumeuse, elle s’échappe de chez les connards, elle affronte seule toutes les difficultés. Elle n’a pas besoin de garçon parce que ça en est un aussi, et puis elle se débrouille comme un chef.
POURQUOI ON ME L’AVAIT CACHÉE SI LONGTEMPS ?
Mylène maintenant toi et moi c’est pour la vie, je te jure, promis promis.
Malheureusement, les années passent. Comme un vieux couple, nos relations se dégradent. Ce n’est pas cool d’écouter Mylène. Ça ne le sera jamais. C’est un truc pour les mères célibataires, les gens qui vivent encore à 40 ans chez leurs parents, les coiffeuses et les beaufs. Alors en seconde, pour faire comme les autres, je prends une décision douloureuse. Les yeux dans les yeux de la pochette en carton d’Innamoramento, je parle à Mylène. Mylène toi et moi c’est terminé, je suis au lycée et c’est méga la honte de t’écouter. Pardon pardon pardon mais je vais te laisser. On se reverra peut-être un de ces jours, mais là il vaut mieux qu’on prenne toutes les deux un peu le large. J’ai pris mon CD qui pleurait un peu et je suis allée le cacher tout au fond de mon placard. Devant j’ai mis les Doors, les Ramones et puis le MC5, et j’ai essayé d’oublier que j’étais une putain de lâcheuse, celle qui fuit devant la difficulté.
Cela faisait plus de 10 ans, et je l’avais un peu oubliée. Trop occupée avec Britney, Beyoncé ou Shakira. Étrangement pourtant, il y a un mois, elle est réapparue. La première fois dans un blindtest que je préparais pour une interview de Christine and the Queens (méga cool en passant) : je voulais évoquer le statut d’icône queer, la création d’un univers, et je me suis réécouté Pourvu Qu’elles Soient Douces.
Il défonce TELLEMENT ce morceau.
Et puis la semaine dernière, dans un dépôt vente dans lequel je me baladais avec ma mère, je suis tombée sur la VHS que me passait Laurent. Mon cœur s’est serré instantanément. Les clips étaient dans le bon ordre et elle irradiait sur la boîte avec sa coiffure orange. Putain c’était en plus la même coupe et couleur que ma daronne.
J’ai vu ça comme un signe.
Mylène,
Reviens,
Pardon,
Je t’aime.
J’ai dorénavant 28 ans et maintenant je m’en fous. Depuis l’ouverture de Retard de toute façon je n’ai plus d’amour propre et c’est tant mieux, je peux me réécouter Mylène quand je veux. Faut le dire, là où la variété française n’a fait que des copié-collé pétés d’artistes américains, Mylène a imposé une personnalité avec une grandiloquence et une prétention énorme mais méritée. Aidée et guidée par Laurent Boutonnat, elle a conçu une atmosphère de fin de siècle grandiose, un truc sale et addictif, une sorte de Lady Gaga encore plus folle et incandescente. Les plus virulents des fans de Mymy iront même dire que l’autre débiloss de “Bad Romance” a tout pompé à l’interprète de “Sans Contrefaçons”.
C’est pas forcément faux.
Il y a des écarts que je ne pardonnerai pourtant pas. Sa relation avec Marc Levy, avoir pris Alizée sous son aile, tout le merchandising qu’elle fait encore autour de son personnage et puis son film Giorgino. Mais putain pour le reste, elle les coiffe tous au poteau.
Alors Mylène, je n’irais sûrement pas à Bercy pour te voir ni ne m’écouterai tes nouveaux albums, par manque de temps, par manque d’envie, aussi. Mais dès que le besoin s’en fera sentir, je fermerai la porte et les yeux pour tout donner sur Maman a Tort. Je te dois bien ça, à toi et à mon CD super naze d’Innamoramento.