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lundi, 16 janvier 2017

Fabien Voileau, la liberté comme parti pris

Par
illustration

Inspiré par la street photography et ses cadrages à l’arrachée, Fabien Voileau photographie aux quatre coins du monde les lieux d’apparence désertique, l’océan et ses surfeurs mais aussi l’urbain. Avec toujours cet attachement à y mettre de l’humain comme il le dit lui-même, ou peut-être finalement à le naturaliser. C’est précisément pour ces raisons que Mint Magazine lui a demandé d’illustrer le portrait du chef Florent Ladeyn. Un projet parmi tant d’autres, puisqu’il a aussi photographié Bangkok pour un guide de voyage qui paraîtra en février, a deux expositions en préparation (l’une à Nantes - sa ville natale - , l’autre à Londres) et a vu ses photos de voyage publiées dans Les Others Volume 4. Portrait d’un photographe qui a fait de la liberté l’unique contrainte de son quotidien.

fabien voileau 1

Fabien Voileau arrive à 9h30 précise devant la sortie de la station Temple où il m’a donné rendez-vous. La bienveillance qui se dégage de lui, celle des gens sincèrement heureux de vous rencontrer, frappe instantanément. D’une voix calme et posée, il me parle du Japon où il a exposé quelques jours auparavant, du contrecoup du jet-lag et de Retard Magazine. Dans ce café au design bien pensé, je comprends que Fabien est à l’image de ses photos, profondément humain et authentique. Le parallèle avec ses clichés est évident. Fabien aime photographier les endroits qui n’appartiennent à personne, ceux où l’homme ne laisse pas de traces. Peut-on parler de paradoxe avec ses sources d’inspiration premières que sont le bitume, le skate et l’homme justement? Pas vraiment car en réalité cette manière si caractéristique de cadrer que l’on retrouve dans la photographie de rue, comme s’il s’agissait de photos volées, est omniprésente dans son travail. C’est avec cette vision urbaine et pleine de poésie qu’il photographie ses sujets, la nature, ses proches.

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Son parcours est celui de beaucoup d’entre nous, atypique, empreint de passion. “J’ai arrêté l’école à 17 ans. J’ai ensuite repris mes études en cours du soir, 1ère puis Terminale. Je vivais alors dans un studio tout seul. Je goûtais pour la première fois à l’indépendance et à la liberté, le truc le plus magique de la vie. Puis j’ai fait une fac de sport, car j’étais passionné de tennis. Je travaillais en même temps dans un bar le week-end à Nantes, un bar microscopique avec pleins d’artistes et de gens aux parcours très différents. C’est à moment précis que je suis rentré dans ma première sphère artistique, entreprenante et positive à toutes épreuves, celle qui m’a fait comprendre que tout est possible. Je ne faisais encore de la photo qu’en dilettante. Je n’ai jamais voulu être photographe même si, adolescent, je photographiais parfois mes potes avec un Kodak multi format.”

Il décide il y a une dizaine d’années de partir en Australie avec sa meilleure amie et embarque un reflex acheté quelques mois plus tôt. A 15 000 km de ses racines, le voyage et la route lui permettent de se rencontrer, il découvre le surf et passe ses journées à prendre des photos. “Mais ce n’était encore qu’au stade de passion. Il n’y a que deux ans que j’ai envisagé d’en faire un métier, grâce à mes proches qui m’ont poussé, à des commandes qui sont tombées. Je pense aussi que la photo est quelque chose de personnel, tu arrives à un moment de ta vie où tu vas comprendre que c’est intéressant. C’est ma façon d’exprimer les choses, sans que l’on me pose de questions. La photo est mon extrême liberté. Je ne fais des photos pour personne. C’est ce sentiment de liberté que j’aime photographier, celui que l’on retrouvait dans le skate et le surf quand j’étais ado. Pour moi, ces gars étaient les plus libres du monde”. On comprend mieux son attrait pour le désert, là où “son esprit se projette le plus”, sans limite.

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Toujours en mouvement, Fabien Voileau partage aujourd’hui son quotidien entre Paris et Auckland où réside sa copine et semble déjà avoir vécu 1000 vies. Membre d’une génération qui vit son existence avec une sensibilité certaine, à fond, sans y mettre de filtre. “Après mon voyage en Australie, j’ai commencé à travailler à Nantes pour une entreprise leader de la billetterie en France, Oscar Productions, où je suis resté 3 ans. J’ai débuté en tant qu’expéditeur de colis puis, de fil en aiguille, je suis devenu maquettiste puis commercial, un métier auquel je ne connaissais rien. Je dois tout à Jérôme Maleinge, le fondateur de cette entreprise. C’était un peu mon Steve Jobs. On ne peut que remercier les gens qui te mettent le pied à l’étrier. Il est décédé à 38 ans de façon brutale, ça a été une période assez difficile. Je suis alors parti à Paris où j’ai repris mes études, un Master de Gestion de Projets, qui m’ont conduit en stage à la communication de France Télévisions. Puis j’ai monté une agence de design avec un ami il y a 3 ans et demi.

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En parallèle, sa carrière de photographe le rattrape sans qu’il ne le réalise vraiment. Un mois avant de décrocher le premier contrat de son agence, il remporte un appel à candidature pour être exposé lors d’un festival de photographies sur la côte atlantique. “C’était la première fois que je réfléchissais à ce que je voulais exposer”. Puis une seconde exposition, le même été, durant laquelle il présente ses images d’Inde prise entre Bombay et l’Himalaya, son premier voyage tourné vers la photo. “Ça m’a maintenu jours et nuits là-bas. J’y ai délaissé mon numérique et ai pris tous les risques pour tirer en argentique”. Les événements s’enchaînent ensuite naturellement. La première commande tombe, un lookbook pour une marque de costumes, quelques portraits pour un blog du Monde, et sa rencontre avec Others Magazine qui le fera exposer au Studio Délos. Aujourd’hui, 95% de ses photos prises pour ses projets perso sont faites en argentique, essentiellement avec l’AE-1 que son père lui a donné il y a 6 ou 7 ans, en même temps que ses vinyles. Une sorte d’héritage anticipé, m’explique-t’il en souriant. Il ne retouche pas ses clichés, une façon peut-être de coller au plus près de la réalité des scènes qu’il immortalise.

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Je termine l’entretien en l’interrogeant sur ses projets. Il n’en manque pas, comme toutes les personnes qui sont là où elles doivent être. Et parmi eux, celui d’une série en Nouvelle-Zélande “Là où tu peux prendre des photos de surfeurs, tout seuls, au milieu de l’océan.

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Elodie Zaig

Elodie est née en 1984 et porte parfois de superbes bottes rouges, héritées de sa mère. Cousine de Marine (sisi LA FAMILLE), cette jeune maman a décidé, après un bac + 5 bien comme il faut, de faire tout ce qu'elle voulait. Elle a vécu en Australie, en Grande-Bretagne, et se consacre aujourd'hui à la photographie, sa vraie passion. Une femme accomplie, dont tu peux checker le travail ici si tu veux : http://elodiezaig.tumblr.com/

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com