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jeudi, 16 mars 2017

TREIZE 19 : Parenthèse Anglaise

Par
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Le début de Treize se découvre ici

Le précédent épisode se lit là

Une fois que tout le monde a su que V. a tiré son coup, la cour des prétendants autour de Rhonda a subitement disparue, à la vitesse d’une nuée d’éphémères. Evidemment, la virginité d’une meuf n’est finalement qu’un prix, une fois qu’il a été attribué et bien la fille à qui cela appartenait n’en vaut plus la peine. En un claquement de doigts, tous les mâles d’Indre et Loire sont passés à autre chose. Et les filles, enfin heureuses de ne plus avoir de concurrence, se sont mises à se moquer d’elle derrière son dos. Heureusement que sa cousine était là pour prendre sa défense. C’est à se tirer une balle, d’être aussi rapidement méprisée.

Je suis le mouvement, parce que j’ai finalement pas trop de personnalité, mais quand même. Quel pauvre type. Heureusement que je pars en Angleterre en voyage scolaire, je peux plus le regarder en face. Sérieux, il était pas au cathé avec moi ? il sait pas ce que ça veut dire abstinence ? ET JÉSUS ? HEIN ? L’AMOUR DE SON PROCHAIN ? Il se pavane dorénavant dans la cour comme un paon, comme si il avait un autocollant « j’ai niqué » qui était apparu sur son dos lui donnant des super pouvoirs.

Blaireau. Heureusement qu’il reste à Fondettes, je l’aurais sinon noyé dans la gelée.

Dans le bus pour le départ je fais la connaissance de Grégory, un copain de Jordan. J’avais jamais fait gaffe à lui auparavant, pourtant on aurait du se croiser, on est tous les deux en quatrième, on a des amis en commun, mais finalement quand tu fais une obsession pour quelqu’un tu ne vois plus rien. Grégory est comme V. mais en moins con. Il fait du skate (j’ai un problème avec les mecs à roulettes), il est bronzé, il écoute tout comme moi Tryo et Matmatah. En deux jours il réussit le pari de conquérir mon coeur et mon âme.

(Le premier qui dit qu’il me faut pas grand chose je lui en colle une). Un garçon gentil et sensible c’est donc possible, et ça me redonne foi en l’humanité.

Arrivée outre-manche, je me sens pousser des ailes. Un truc de malade. L’air britannique me fait croire que tout est plus intense en Cornouailles, on va s’aimer et on va s’aimer fort. Et alors que je suis sur les hauteurs de Tintagel, au coeur des ruines du roi Arthur, j’essaie de me renseigner auprès de Jordan pour savoir si il a déjà sur une meuf.

Non, il n’en a pas, mais aux dernières nouvelles il est fou amoureux d’une Elodie, qui est évidemment avec nous en Angleterre, et que je déteste. Je l’ai décidé à partir du moment où on a prononcé son nom à côté du sien. Pauvre meuf. J’ai rien à lui reprocher, mais pauvre meuf.

Pourtant il se passe un truc entre moi et Grégory, je le sens. Des fois sa main reste un peu trop longtemps sur mon bras quand il me parle. Il a demandé à se mettre à côté de moi sur un trajet de bus. J’ai fait semblant de m’endormir sur son épaule alors que c’était pas vrai, j’étais même pas fatiguée. Et il me prête son écouteur quand on fait de la route. On écoute des morceaux tristes et je peux vous dire que j’ai bien les boules quand on doit quitter le car pour aller visiter une autre ruine pétée.

Alors que tout le monde lit correctement dans nos petits jeux, Jordan me demande si je pourrais être interessée par Grégory. Tétanisée par la peur, les rateaux, par le fait qu’il se fout peut-être de ma gueule, je fais genre que c’est une blague et je me barre. Il est sur cette conne d’Elodie non ? Et puis pourquoi il s’interesserait à moi ? Je tourne les talons et je suis subitement consternée par ma propre connerie.

Ah bah c’est pas à moi que ça pourra arriver ce qui s’est passé avec Rhonda. A 55 ans à ce train-là je suis encore seule et je vis avec 9 bâtards récupérés à la SPA pas tout à fait propres.

Le message a du vite passer. Jordan lui a dit que je lui avais ri au nez. A la fin du voyage il m’évite poliment, et j’ai une boule de ventre qui me tord tellement le bide que même le cheddar distribué en abondance par ma famille d’accueil ne change rien. J’avais une opportunité et je l’ai laissé filer. J’ai envie de me cogner la tête contre les pierres anciennes tellement je suis conne.

Quand le bus nous dépose devant le collège, juste avant de rentrer chacun chez soi, je me lance et j’arrive à le rattraper. Je lui prête mes deux CDs, en lui disant que si il aime bien il pourra les graver, moi je m’en fous grave, je les ai assez écouté. Pourquoi je prends ce ton blasée de conasse ? Je n’en sais rien. Il me sourit (il a des dents blanches immaculées) et moi je reste avec cette image pendant toutes mes vacances de février.

Genre ça me hante littéralement. Et je peux pas l’appeler, je peux pas aller chez lui. Tout ce que j’ai, c’est ce sourire qui flotte dans mon petit cerveau boosté aux hormones.

Ya un garçon à qui j’ai plu, putain. C’est arrivé. Et il me plaisait. Et j’ai merdé, certes, mais je préfère occulter cette partie.

Il s’est passé un truc.

On a du mal à se capter à la rentrée, moi et Grégory. Je suis pourtant poussée par les petites ailes de l’amour, en me disant qu’il peut se passer un truc, il était partant non ? Je peux ptet revenir sur ma réponse à Jordan, ou bien je sais pas, dire que j’avais mal compris, on verra, faut que je prenne sur moi et je vais improviser.

On se recroise et il me tend les disques, froidement. Avec un merci, et puis c’est tout. Pourtant, comme si j’étais un peu tarée, je commence à me poser des questions. Peut-être qu’il est froid parce qu’il en pince grave pour moi ?

Il aurait pas coincé un petit mot à côté dans les disques ?

Genre ptet il a marqué un truc que je ne découvirais qu’en dépliant le livret des CDS.

Putain mais c’est ça mais c’est SUR.

J’ai pas envie de le faire au collège, ça briserait toute la magie. J’attends de rentrer chez moi, j’allumerai ptet à l’occasion mes bougies de chez Casa. J’y pense toute la journée. Alors que V. continue à trainer dans les parages, persuadée que sa testostérone soit capable de me retourner encore la tête. Je comprends pas comment on peut passer de super sympa et tellement mongol en si peu de temps.

Il a vu que je parlais à Grégory. Comme si on était toutes ses poules dans sa basse cour, il commence à venir me demander des comptes.

-« Alors Marine on est tombée amoureuse en Angleterre ? ».
-« Oh la ferme V. T’as pas d’autres filles avec qui coucher? »

(quelle répartie pourrie)

-« Sois pas jalouse, dès que tu ressembleras à une fille tu pourrais bien être la prochaine »
-« Je sais pas, j’ai pas trop envie de choper de l’herpès »
-« Au moins il se passerait quelque chose dans ta vie »

OH MAIS TEMPS MORT CONNARD LÀÀÀÀÀ

J’ai tellement hâte d’être chez moi à 17 heures, j’ai tellement hâte qu’il soit loin, lui et son comportement nauséabond, j’ai tellement hâte de voir ce que Grégory a mis dans les disques, une lettre ? Ptet juste un mot ? Le numéro de chez lui ? Je passe la quatrième vitesse à la sortie des cours. Pas de bisous à Sandra, pas de discussion, J’AI PAS LE TEMPS PUTAIN.

Et devant la télé, alors que ma petite soeur essaie de m’expliquer la relation profonde et inaliénable qui la lie à Quentin alors qu’ils ont tous les deux cinq ans, je démonte les deux boites à CD, dans un fol espoir.

Et évidemment, il n’y a rien du tout.

La suite se lit ici

Emma -Matmatah

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Marine

Leader Autoritaire
Marine est née en 1986 et vit avec un petit chien trop mignon. Après avoir joué avec des groupes de filles ultra classes d'après les autres membres (Pussy Patrol/Secretariat/Mercredi Equitation), elle gagne sa vie en écrivant sur des sujets cools et se la pète déjà un peu. Ca ne l'empêche pas de traîner en pijama dégueulasse le dimanche en essayant de twerker mal sur du William Sheller. L'AMOUR PROPRE C'EST DÉMODÉ OKAY.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com